Analyse de Pascal MUKO, Acteur de la société civile
environnementale du réseau EST.
La République Démocratique du Congo a connu un moment où
elle a lancé un programme de démobilisation et réinsertion des combattants au sein
des différents mouvements rebelles et des groupes armés nationaux. Les
personnes démobilisées ont rejoint leurs villages natals pour leur insertion dans les activités
socio-économiques. Malheureusement,
faute des stratégies d’accompagnement et d’encadrement professionnel de ces
personnes démobilisées, elles sont toujours attirées à récupérer les armes à la recherche des
moyens de survie. Pour des raisons de
positionnement politique, certains notables de la région se retrouvent dans une
situation où ils récupèrent les personnes démobilisées pour constituer des milices
dites d’autodéfense contre l’ennemi étranger. Fort malheureusement, ils ne sont
pas à mesure de répondre à leurs besoins. C’est pourquoi, ils les orientent à
l’exploitation illégale des ressources naturelles.
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Google. Photo Enanga. |
Sources de Financement
Répondant à la question de savoir d’où est ce que ces
groupes armés s’approvisionnent, il faut noter ces groupes armés sont financé à
partir des ressources du Parc National des Virunga notamment : Par le
commerce illégal de l’ivoire et des viandes de brousse issue de l’abattage des
grands mammifères (Eléphants, Buffles, hippopotames, phacochères, antilopes,…),
Par la pêche illicite et destructrice des ressources halieutiques notamment la
senne de plage, le tam-tam,… ; Par l’imposition de paiement de 10.000
Francs Congolais par semaine et par pirogue de pêche aux pêcheurs légaux. Par
le rachat des moteurs hors-bords d’une valeur de 100$US par moteur ; Par
le pillage de la production des pêcheurs attrapés sur le lac.
Il faut souligner que le responsable de chaque pirogue de
pêche légale est obligé de payer les 10 000 Francs Congolais chaque
semaine pour ne pas tomber victime d’arrestation ou des actes de tortures de la
part des MayMay. Il arrive des fois que les moteurs des pêcheurs réguliers
détenant des jetons des May-may sont arrêtés malgré le paiement de leurs
jetons. Faisant un simple exercice des calculs sur 3000 pirogues
opérationnelles sur les eaux du Lac Edouard, on note que chaque semaine les May
may sont capables de mobiliser 30 000 000 Francs Congolais (soit
23 077 $US par semaine, soit 92 308 $US par mois). Ici, il faut dire
qu’au stade actuel, les May May font ce qui suit avec ce financement
régulier : Le paiement de leurs éléments d’un solde de 40 000 Frans
Congolais chaque mois ; Le recrutement des experts militaires pour la formation
des troupes et l’apprentissage de l’usage des armes lourdes. Cette situation
s’est aggravée suite à l’abandon, par l’ICCN (Institut Congolais pour la
Conservation de la Nature) des postes de patrouilles situés autour du Lac
Edouard dans le Parc National des Virunga (PNVi).
Autres Moyens de ravitaillement
Il sied à remarquer que, sur le terrain, les maymay
organisent des assauts sur les positions militaires installées en Territoires
de Rutshuru et Lubero où ils récupèrent les armes et munitions pour se
constituer un stock d’armement. A ce jour, ils sont en possession des armes
lourdes telles que le lance-roquettes, mitrailleuses, Mortiers,… De plus, une
contrebande est constatée entre ces May May et les Ougandais pour la fourniture
des munitions à leurs armes surtout le modèle AK 47.